Au départ, un peu circonspect à propos du concept de monnaie locale, il m’apparait aujourd’hui comme une alternative concrète et efficace pour développer et relocaliser l’activité, et pas seulement en milieu rural.

Pourquoi j’étais septique ? Parce que je pensais que les personnes qui utiliseraient ce système de monnaies locales étaient essentiellement des personnes déjà sensibles aux problématiques des circuits courts et de l’économie sociale et solidaire, et donc que l’impact serait négligeable. Aujourd’hui, mon analyse a changé, et la monnaie locale me semble un vrai moyen de développer local et d’être un bon moyen de s’affranchir d’une partie de la financiarisation de l’économie.

 

Comment ça marche ?

La plupart du temps, les monnaies locales complémentaires sont gérées par des particuliers organisés sous forme d’association, autour d’une charte de valeurs.  Basées sur une parité avec la monnaie « officielle » elles sont locales, parce qu’elles ne permettent pas de dépenser leur valeur en dehors d’un territoire (département, région, groupement de communes, etc … par exemple) et complémentaires, car elles ne se substituent pas à la monnaie « légale » (les monnaies locales sont également légales, comme n’importe quel bon d’achat ou ticket restaurant). Pour comprendre mieux le système, une série de vidéos très instructive :

Une fois que la monnaie locale a été émise et utilisée chez un commerçant, tout est fait pour qu’elle soit réinjectée dans le circuit : payer ses fournisseurs, rendre la monnaie à ses clients, et bien sûr, dépenser cette monnaie auprès des autres prestataires et commerçants de la communauté. La même quantité de monnaie en circulation est employée davantage de fois et entraîne une activité économique globale beaucoup plus importante.

Ainsi, la richesse produite localement est captée, et contribue au développement local.

Mais pourquoi une nouvelle monnaie, ça reste de l’argent ?

Oui, cela reste une monnaie d’échange, mais contrairement à la monnaie classique, elle n’est pas un outil qui permet la spéculation … certaines communautés proposent même une « monnaie fondante », c’est à dire qu’elle perd de sa valeur au fil du temps, pour inciter directement à la circulation et à la consommation, et refuser symboliquement l’accumulation de « richesse ».

La création d’une monnaie locale permet de se réapproprier l’outil monétaire, et de reprendre prise sur l’économie. La monnaie n’a pas vocation à être thésaurisée, elle est utile à l’échange.

Par ailleurs, s’engager dans un système de monnaie locale, c’est aussi prendre conscience du rôle de la monnaie : assurer les échanges et les paiements. Mais grâce à la charte des valeurs de l’association qui gère la monnaie locale on s’assure également que ces échanges et paiements sont :

  • locaux, et bénéficient à sa « communauté »
  • réservés à des prestataires « éthiques » qui s’engagent par une convention
  • utilisés dans des activités responsables (garanties par la charte)

Dès lors, pour l’utilisateur, c’est simple : il sait , quoi et comment il achète !

Pourquoi j’ai changé d’avis ?

Suite à un déplacement au Pays de Galles dans le cadre de Rural Alliances, j’ai pu découvrir là-bas une initiative qui va encore plus loin que la monnaie locale complémentaire, mais qui en partage majoritairement la philosophie, ils appellent ça là bas : Totally Locally à Crickhowell.

J’ai pu voir que ça marche réellement, et quand je pensais au départ que seuls les personnes sensibilisées utiliseraient de la monnaie locale, j’ai également constaté que, dès qu’un seuil « critique » d’utilisateurs est atteint, le cercle vertueux des bénéfices de la monnaie locale peut fonctionner : le bouche à oreille fonctionne entre utilisateurs « historiques » et les personnes pas forcément sensible au projet, et entraîne une réaction en chaîne qui bénéficie à toute la communauté.

L’argent circule plus vite, et bénéficie en priorité à la communauté.

La clé, en dehors d’une sensibilisation des usagers, c’est un panel d’artisans/prestataires/commerçants important. Plus il y a d’usagers moteurs, plus ils peuvent sensibiliser les acteurs économiques du bassin local, et plus il y a de prestataires adhérents, plus ils sensibilisent leurs usagers … un cercle vertueux je vous disais !!!

Pour en savoir-plus :
– La plateforme d’échange des monnaies locales complémentaires
– La monnaie locale du Pays de Redon (valable également dans le bassin rennais) : Le Galléco !

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